Décadrer le documentaire présente trois créations sonores à écouter dans l’obscurité de la Cinémathèque : aujourd’hui, le cinéma se passe d’images.

Le souffle de Beyrouth donne à entendre l’histoire d’une ville à travers les cycles de destruction et de reconstruction des dernières décennies. Ce documentaire finement ciselé marie une réflexion riche à propos du métier de conceptrice sonore et de la trajectoire de la ville où Rana Eid a passé presque toute sa vie. À travers le micro de Marine Vlahovic, c’est à l’écoute d’un véritable manifeste sur le pouvoir du son que nous sommes convié·e·s.

Les deux autres pièces appartiennent au field recording, un genre aux croisements de l’anthropologie et de l’art audio. Fuga nous amène dans un quartier de Mexico où les trains de marchandises sillonnent le pays afin de satisfaire le mode de vie consumériste des pays du nord, dépouillant du même coup ceux du sud. Ils transportent également des migrant·es, dépossédé·es eux aussi, qui traversent plus difficilement les frontières que les objets que l’on veut vendre ou acheter. Finalement, Echap traduit habilement le rouleau compresseur du capitalisme qui rend tout uniforme, standard, lisse... et inquiétant.