Plutôt que de décrire cette performance en musique et en images de Philippe Léonard et CHRIST, les artistes ont décidé de laisser cet espace aux mots de Cindy Blackstock, avec son accord.
« A post-apology ‘To-Do’ List » par Cindy Blackstock, membre de la Nation Gitxsan et directrice générale de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations.
Le Pape s’est excusé pour le rôle qu’a joué l’Église catholique dans l’histoire des pensionnats autochtones. Pour certain·e·s survivant·e·s, ce geste comptait pour beaucoup?; le réconfort que cela a pu leur apporter me réchauffe le cœur. Néanmoins, quand les victimes doivent se rendre jusqu’à Rome pour demander des excuses, il est impératif de s’assurer que celles-ci ne sont pas que des formules toutes faites servant à blanchir l’agresseur, mais qu’elles servent bien à rétablir la justice. Comme l’a dit avec éloquence un aîné durant la Commission royale sur les peuples autochtones de 1996, « On ne peut parler d’intégrité que si les mots conservent leur sens. »
Dans ses excuses, le Pape a d’abord reconnu la Gouverneure générale et le premier ministre – deux instances issues du colonialisme – avant de mentionner les survivant·e·s des pensionnats et les enfants qui y sont mort·e·s, à qui le message était pourtant adressé. Il a été question d’avenir, mais entre deux demandes de pardon adressées à Dieu, la prise de responsabilité et la promesse d’agir se sont fait attendre. Il n’est toutefois pas trop tard pour que l’on donne à ces excuses un sens concret. Ainsi, j’invite le Pape à s’engager, au nom de l’Église catholique et du Saint-Siège, à mettre en action les points ci-dessous :
1– Abroger publiquement la bulle pontificale Inter Cætera de 1438 ayant validé la doctrine de la découverte qui a « légalisé » la confiscation injuste des terres autochtones à travers le monde et qui continue d’être citée par les tribunaux et les gouvernements pour légitimer les titres de propriété coloniaux.
2– Procéder à un examen indépendant et crédible des archives afin de s’assurer que l’Église et le Saint-Siège remettent tous les documents relatifs aux pensionnats autochtones en sa possession aux instances autorisées par les Peuples autochtones.
3– Redonner tout ce que l’Église et le Saint-Siège ont pris aux Peuples autochtones, y compris les terres, les objets culturels, les archives et les restes humains.
4– Décoloniser l’Église et le Saint-Siège en réformant les enseignements et les pratiques catholiques qui entrent en conflit avec les droits des Peuples autochtones, en veillant en particulier à ce que les enseignements de l’Église n’empiètent pas sur les droits de la personne de même que la dignité de tous les Peuples autochtones. Ceci inclut les femmes, les filles et les personnes LGBTQAI2S+ et de toute identité de genre.
5– Prendre des mesures significatives pour promouvoir sous une lumière positive les droits des Peuples autochtones à travers le monde, y compris en appuyant leurs croyances et pratiques spirituelles propres.
6– Réformer l’Église de façon à protéger les enfants et autres personnes vulnérables contre toute forme de violence et tenir les agresseurs et leurs complices responsables, en plus de fournir aux victimes de réelles formes de soutien et de réparation.
7– S’assurer que l’Église (et non les fidèles) offre une juste réparation pour les torts causés aux survivant·e·s des pensionnats autochtones et aux familles de celles et ceux qui y sont mort·e·s.
8– Faire l’examen des injustices commises par l’Église à l’échelle mondiale afin de déterminer à qui doivent être offertes des excuses et des réparations, au lieu d’attendre des victimes qu’elles les « demandent » d’elles-mêmes.
Les enfants inuits, métis et des Premières Nations qui ont fréquenté les pensionnats autochtones et qui en ont profondément souffert, parfois jusqu’à la mort, le méritent amplement.
Performance musique et images en direct de Philippe Léonard et CHRIST
Présenté en collaboration avec Suoni Per Il Popolo.
24 Novembre 2022
Décadrer le documentaire